Démocratie protestataire et technologies médiatiques/colloque international Numérisation généralisée de la société – Montréal, mai 2018
Pour ce qui me concerne, j’avais prévu d’intervenir sur la question des technologies médiatiques en tant qu’armes matérielles de la conflictualité sociale et plus particulièrement d’interroger le recours à l’informatique connectée dans le cadre des politiques du conflit, façon « grand angle », à la manière dont nous avons traité le sujet dans l’ouvrage Mobilisations numériques, ouvrage dont j’ai amené quelques exemplaires et que j’offrirais bien volontiers à celles et ceux d’entre vous qui seraient plus particulièrement intéressés par ces questions. Toutefois, à la lecture du programme et après avoir pris connaissance des thèmes des autres interventions de cette plénière, j’ai jugé utile de recentrer mon propos sur les opérations de cadrage et de construction des causes au sein de la conflictualité sociale et sous conditions des technologies de l’Internet. Cette réorientation permettra de maintenir une unité thématique à la séquence et facilitera, je l’espère, le moment de la discussion.
Je voudrais commencer cette intervention par rappeler que les luttes sociales sont aussi des luttes symboliques, des luttes idéologiques, dont l’objet est de dénaturaliser la doxa de l’ordre social, tout en légitimant les résistances qui s’y opposent. En favorisant de nouveaux modes de production, de diffusion et de discussion de l’information, Internet est devenu l’espace de mise en publicité le plus visible des combats discursifs menés par les mouvements sociaux, combats par le biais desquels les politiques du conflits, quelle que soit leur nature, entendent se livrer à des opérations de cadrage du sens, de perceptions des enjeux, de légitimation de leurs revendications et actions et de mobilisation du consensus. Les technologies de l’Internet permettent en effet que se créent des espaces de construction, de définition, de maintien et de partage de l’injustice sociale et des problèmes politiques, notamment via la mise en scène et la circulation de récits et d’arguments qui sont autant d’adresses à partir desquelles peuvent venir s’agréger des soutiens et des « prenant-parts » susceptibles de se mobiliser, tout en proposant, éventuellement, d’autres cadres d’interprétations au problème posé.
Ce travail de framing vise également à informer l’opinion publique et à faire en sorte que les pouvoirs politiques prennent des décisions allant dans le sens des revendications. Les réseaux socionumériques permettent, par exemple, de créer des espaces d’interlocution autour de productions éditoriales des acteurs les plus mobilisés tout en intéressant des publics plus larges, au point de devenir des espaces de coproduction de sens et de sa matérialisation écrite. Dans le cadre de politiques variées du conflit, l’utilisation d’éléments discursifs a pour objectif essentiel de convaincre, de séduire ou de sensibiliser à des situations d’injustice, de rechercher des formes de consensus ou de consentement, d’élargir l’arène du conflit tout en fixant les enjeux et les « camps », et de tisser des solidarités.
Pour ne prendre que le cas des « mouvements de crise » européens qui ont ouvert un nouveau cycle de conflictualité sociale, le cadrage le plus utilisé a par exemple été celui de l’existence d’une injustice profonde allant jusqu’au malaise. Porté par une narration prise en charge par des sujets se racontant à la première personne, ce cadrage singulier tire surtout son efficacité du caractère « authentique » des récits mis en ligne. La dérogation aux normes attendues de l’argumentation, notamment celle de la distanciation, censées permettre de rendre compréhensible et acceptable l’expérience narrée, permet de rendre ces histoires plus poignantes et censément plus véridiques.
Anticapitalistes et antieuropéens, les discours produits en ligne se sont également accompagnés d’accusations contre une oligarchie constituée par des « hommes politiques voleurs » mettant à genoux la grande majorité de citoyens. Au travers de cette opposition pouvant paraître simpliste et populiste, les collectifs mettent néanmoins en place la « matrice d’une compréhension commune » identifiant des responsables-coupables et des victimes. Par ce procédé, ils rendent intelligibles le malaise et la cause, justifient le combat à mener, le légitiment, mais opèrent également un réarmement des espoirs : ce qui est explicable et rationnel peut être a priori plus efficacement combattu.
Ces opérations de définition et de cadrage – qui ne sont pas nécessairement guidées par des instances organisationnelles ayant préalablement défini des « éléments de langage » –, apportent aussi aux mouvements sociaux les moyens d’engager d’autres acteurs dans les conflits. Aux rangs de ceux-ci, il faut commencer par compter les journalistes des médias dominants pouvant se prévaloir d’audiences plus massives et qui sont donc d’utiles relais pour faire circuler les cadres d’interprétation dans d’autres arènes publiques. Aussi, la construction de l’audience sur Internet reste, comme au sein des médias traditionnels, dominée par les acteurs centraux des espaces publics, fussent-ils subalternes. Il continue à s’y tramer, malgré une autonomie de jeu certes plus grande, une compétition aux règles très asymétriques, afin de rendre visibles les messages venant des marges protestataires de l’action civique. Les « effets d’informations » variés (d’agenda, de cadrage, d’amorçage) qui, couplés les uns aux autres, sont susceptibles de conduire à une éventuelle « adhésion » des internautes semblent globalement mieux assurés par les dispositifs en ligne des organisations qui sont capables de structurer des volumes de données plus importants, de faire circuler plus aisément leurs cadres interprétatifs et de fournir des repères cognitifs plus nombreux et plus ordonnés.
Force est de constater que les espaces ouverts récemment par Internet reposent sur une défiance marquée vis-à-vis des prérogatives d’accès à la publicisation réservées aux grands médias et vis-à-vis des logiques de légitimation de la chose publique qui en découlent. Construites contre l’espace public médiatique traditionnel, les expressions citoyennes qui s’appuient sur la dimension participative du Web font émerger des arènes publiques où se donnent à voir des référents sémantiques alternatifs aux formes narratives des médias dominants (Bolton, 2006). Ces arènes peuvent être alors appréhendées comme une forme de réponse citoyenne à l’évolution d’un espace public médiatique qui tend à se soumettre « à des contraintes de sélection toujours plus puissantes », à réserver la prise de parole à quelques individus et à envisager ses publics comme de simples destinataires.
De fait, les dispositifs que mettent notamment en place les mouvements sociaux proposent d’autres entités signifiantes, d’autres formes expressives, en se construisant comme des espaces de débats et d’échanges permettant que s’expriment des formes de délibération non conformes aux conventions du débat public tel qu’il prend notamment forme au sein des médias. Ils développent ainsi des proximités avec des communautés sociotechniques variées à partir desquelles il devient possible que s’exprime une plus forte hétérogénéité de formes et de contenus de la discussion citoyenne et que s’initie un modèle de publicité réservant une place non négligeable à des activités collectives, notamment de réception et de construction sociale d’univers de sens singuliers.
Aussi, Internet est assez souvent décrit comme le lieu d’un « nouvel espace public » assorti à l’exercice d’un idéal participatif, où seraient fondamentalement mises en publicité et en circulation des idées et des opinions autour desquelles se créeraient des débats publics et des communautés d’action. Après l’ère des salons, des cafés, de la presse d’opinion et des médias de masse, la période contemporaine se caractériserait donc par l’émergence de nouveaux territoires symboliques qui viendraient s’ajouter au répertoire des « places » où s’actualise l’usage public des opinions privées.
S’il faut évidemment se tenir à distance des examens pressés qui ont tendance à faire d’Internet la nouvelle panacée de la démocratie à l’ère du numérique, il faut aussi reconnaître le rôle que celui-ci joue dans l’évolution structurelle des modalités d’apparition publique. Ce qu’il semble important de souligner tient, notamment, à ce qu’avec Internet, les formes d’expression politique s’ouvrent à des échanges qui déformalisent le débat public le plus conventionnel. Les espaces d’interlocution numériques semblent en effet, aller dans le sens d’un élargissement du périmètre politique du débat en rendant possibles des formes de discussion publique reposant moins nettement sur une césure entre les espaces de réception de l’information et ceux de la participation civique aux débats. L’impératif de distanciation propre à la régulation de la parole publique au sein de l’espace public médiatique « traditionnel » tend à s’amenuiser pour laisser place à des modalités d’expression nettement plus libérées des cadrages liés à la nécessité d’un exercice tenu de la raison argumentative. Cet abaissement des normes de la prise de parole politique ne garantit pas, pour autant, un gain d’intelligibilité ou de maîtrise des enjeux politiques pour un internaute qui, avant d’être mobilisé comme citoyen, est d’abord un usager de l’informatique connectée, consommateur d’espaces et de contenus symboliques allégés des contraintes énonciatives habituelles de la publicité politique.
Il existe notamment, dans la littérature anglo-saxonne, un nombre conséquent de travaux qui examinent les usages sociaux des contenus informationnels en ligne pour mettre en évidence la manière dont les consommations médiatiques rencontrent et structurent les activités civiques et notamment de mobilisation. On trouve par exemple, chez Robert Putnam, l’idée selon laquelle la consommation des médias électroniques conduirait à un recul de la participation civique. Le fait qu’aujourd’hui, chaque personne ait la possibilité de se créer un dispositif d’information et de communication en ligne individualisé donne à penser qu’il y aurait un risque quant à une consommation de contenus médiatiques attachée à des préoccupations de plus en plus personnelles, renforçant un éloignement des questions civiques de portée plus générale. Pourtant, d’autres travaux montrent, a contrario, que les internautes sont susceptibles de rencontrer en ligne une diversité plus marquée de profils sociaux et culturels que celle à laquelle ils pourraient être confrontés hors ligne. D’autres recherches encore mettent en lumière l’influence positive des médias numériques sur l’intérêt des citoyens pour les questions politiques, l’engagement civique et la confiance dans les institutions politiques. Pippa Norris souligne ainsi que les consommateurs les plus conséquents de médias numériques se trouveraient aussi être les plus engagés dans les affaires publiques et les mouvements sociaux, puisque l’exposition répétée à l’actualité agirait en positif sur la compréhension, mais aussi la capacité et la motivation à s’engager dans la vie politique. Cette thèse serait toutefois à relativiser dans la mesure où ce serait davantage les consommateurs déjà investis dans des démarches citoyennes actives, les actions protestataires et ayant préalablement acquis les capitaux nécessaires pour s’y adonner (culturel, social, économique, etc.) qui seraient en fait les premiers bénéficiaires de l’abondance de l’offre informationnelle dans l’espace numérique.
Par ailleurs, la structure même de l’espace du Web, largement fragmentée et hétérogène, est parfois présentée comme une potentielle faiblesse pour la construction d’un « véritable » espace public. Yochai Benkler estime, par exemple, qu’elle produirait une certaine cacophonie et ferait même du capital économique un facteur déterminant dans la capacité des producteurs à gérer l’attention de leurs publics. Rares resteraient ainsi les sites à pouvoir attirer de très nombreux internautes, la plupart d’entre eux ne pouvant produire que des audiences pour le moins modestes. La question de la fragmentation et de la multiplicité des espaces de discussion en ligne soulève le problème des liens existant entre les espaces publics numériques et les centres de prise de décision; à l’instar des organisations civiques transnationales qui grâce à Internet, s’organisent à l’échelle mondiale avec une facilité accrue, tiennent et se nourrissent de nombreux débats, mais n’ont finalement que bien peu de poids sur la mise en œuvre effective des politiques internationales. Contrairement aux espaces publics forts où des décisions sont prises, les espaces publics en ligne sont plutôt faibles, dans la mesure où ils offrent la possibilité de construire des opinions communes et des identités collectives, mais sans nécessairement porter des attendus délibératifs en dehors même des structures organisationnelles qui les aménagent.
Néanmoins, force est de constater que le débat public le plus ordinaire trouve, sur Internet, des ressources autres que celles qui sont attachées aux « espaces de savoirs locaux » qui lui étaient jusqu’alors dédiés, c’est-à-dire, pour l’essentiel, liées « à des milieux de sociabilité institutionnalisés (local, professionnel, associatif) ». Nous avons, ailleurs, insisté sur le fait que les zones de débats collectifs implémentées sur les sites d’information (forums, espaces de commentaire, etc.) autorisent l’ouverture à des territoires plus distants et notamment la mobilisation de liens inédits liés à l’actualité. Les dispositifs couplant information et lieux de discussion permettent, en effet, l’émergence d’espaces de connexion où les contenus publiés peuvent être repris, discutés et travaillés par différentes opérations dont le « réseau des réseaux » simplifie potentiellement certains des accomplissements pratiques.
Les espaces d’interlocution de la production d’informations citoyennes vont dans le sens d’un élargissement du périmètre politique du débat. Ils se présentent comme les supports de séquences de discussion qui participent de pratiques qui s’éloignent des formes les plus instituées de discussion publique en ce que celles-ci reposent nettement moins sur une césure entre les espaces de réception de l’information et ceux de la participation civique aux débats. Aussi, est-il opportun de souligner que les expressions politiques en ligne participent, avec plus ou moins de succès, au renouvellement des formats d’énonciation, comme à celui des espaces d’interlocution. Elles contribuent à faire évoluer les modalités de production de l’espace public et sont en cela l’un des vecteurs du changement dans l’économie de la représentation médiatique. Dans un travail s’appuyant sur un corpus de près de 3 millions de tweets échangés durant la mobilisation des Indignados, par 500 000 utilisateurs, Narseo Vallina-Rodriguez et ses collègues (2012) montrent, par exemple, que les hashtags les plus populaires et les principaux comptes ont été le moteur essentiel de la production de discours et de débats autour des manifestations.
En ce domaine, le rôle de l’informatique connectée n’est jamais aussi probant qu’au sein des sociétés où les marges de liberté (d’expression) et d’initiative des personnes isolées et des groupes organisés sont moindres. Elles peuvent notamment supporter des formes de résistance quotidienne difficiles à mettre en œuvre dans des contextes où, comme en Iran, les formes de résistance régulières et publiques sont systématiquement soumises à d’importantes répressions. En ces cas, Internet peut contribuer à faire exister des espaces de discussion certes fragmentés, mais qui préservent l’exigence du débat rationnel, et à partir desquels « peut se produire une libre créativité sociale capable de rompre avec les routines, une effervescence toujours possible grâce à laquelle les énergies réflexives et inventives [peuvent potentiellement] s’épanouir ». La discussion civique telle que définie par Peter Dahlgren, quand bien même ne refléterait-elle que les seuls intérêts d’une organisation ou d’un groupe social particuliers, porte, la plupart du temps, un potentiel politique plus large. Lorsque ces intérêts entrent en conflit avec ceux d’un autre groupe social, un « commun politique » se manifeste alors et les discussions en ligne peuvent s’articuler à des sphères publiques ayant davantage de capacités pratiques à organiser le changement social.
Par ailleurs, il faut noter que la production de contenus politiques reste soumise à une guerre de visibilité visant à l’inscrire sur l’agenda médiatique. Si Internet tend à faire disparaître la barrière des gatekeepers dans la sélection et la hiérarchisation des informations méritant d’être diffusées à une large échelle, il faut néanmoins, pour se faire entendre sur la toile, s’engager dans des pratiques auto-promotionnelles complexes, voire virtuoses. Autrement dit, la mise à disposition de contenus symboliques (productions originales ou reprises de textes, d’images, de sons, agrégations de signifiés, commentaires, etc.) peut être également considérée comme entretenant un lien étroit avec des logiques de production de publics relevant de « nouvelles manières d’attacher les personnes à leurs contenus ».
Les contenus délivrés n’acquièrent en effet une efficience que s’ils rencontrent des sujets susceptibles de s’y intéresser, de les discuter et/ou de les diffuser à leur tour. C’est seulement en trouvant des relais relationnels et en se servant des dynamiques communicationnelles que ces derniers peuvent délivrer leur « potentiel citoyen », lequel ne peut être par ailleurs rabattu sur la seule capacité à inscrire les contenus publiés dans un système d’interlocution en ligne ouvert au plus grand nombre. Force est cependant de constater que les mouvements sociaux façonnent de plus en plus souvent des dispositifs en ligne complexes, lesquels s’appuient sur des systèmes de gestion de contenu (Content Management System – sites, pages personnelles, blogs, UGC), mais également sur des services permettant de multiplier les contacts, selon des logiques communautaires, promotionnelles ou de gain de notoriété (microblogging, SNS, liens RSS, etc.). Plus encore que pour les blogs, déjà remarquables en ce qu’ils proposaient des opportunités relationnelles reposant sur des productions éditoriales par le biais desquelles les individus s’attachent les uns aux autres, les dispositifs multi-étagés des mouvements sociaux dessinent des publics variés, qui restent fragiles et plutôt erratiques, mais qui, pour une part, forment aussi des embryons communautaires fidélisés et investis, travaillant de concert à leur montée en compétence, à la construction collective des opinions, ainsi qu’à la politisation de leurs intérêts à des fins de changement social.
De facto, certains mouvements populaires récents tendraient à démontrer que les formes de mobilisation informationnelle ayant un caractère décentralisé, immédiat et réactif, participent à l’intéressement de nouveaux publics et sont susceptibles de donner naissance à des formes d’association dont les activités peuvent dépasser la production de biens symboliques d’information en ligne, pour s’incarner dans des pratiques hors ligne d’expérimentation et de mobilisation. Ce sont alors de nouvelles scènes de formation collective de la volonté qui émergent, fédèrent des opinions et conduisent in fine à des mobilisations pouvant donner naissance à des formes d’action politique efficaces. Quand la production alternative d’information réussit à se constituer un public, ce dernier existe d’abord sur un plan symbolique. L’intentionnalité collective et le regroupement prennent forme sur un fond discursif et les membres de ces publics font l’expérience de leur coexistence autour du partage d’un monde commun symbolique. Dans un second temps, le dépassement de cette coalition vers l’action dépend d’autres dynamiques qui ne sauraient être cantonnées aux espaces symboliques, fussent-ils numériques, s’agissant par exemple de s’organiser pour peser sur la définition et la résolution de problèmes publics.
Bien que partielles, les arènes numériques semblent donc concourir à une réactivation de l’exercice du jugement politique et prolongent les formes historiques de la socialisation réflexive par la discussion. Peut-être davantage qu’au sein des espaces publics médiatiques dominants, les expressions citoyennes en ligne sont porteuses de formes de vigilance critique qui se ressourcent dans l’expertise distanciée, des savoirs objectivants, mais aussi dans l’expression individuelle et collective de l’expérience et du vécu. Ce qui s’invente sur le Web n’a, à l’évidence, rien d’une révolution formelle qui bouleverserait l’espace public (il faudrait pour cela qu’il s’y substitue), mais cela repose néanmoins sur des modes de sociabilité qui peuvent réactiver le débat d’idées, l’évaluation critique, la contestation et l’élaboration collective, lesquels autorisent une réflexivité et une mise en capacité des sujets sociaux à devenir des agents plus conscients, plus autonomes et davantage acteurs de leur propre devenir. Après d’autres supports, Internet joue un rôle singulier dans l’ouverture et l’actualisation de potentialités sociotechniques permettant aux individus et aux groupes d’exprimer leurs expériences, leurs interprétations, et leurs revendications.