Conférence – Les jeunes de quartier : une recherche participative – Jeanne Demoulin – Christine Bellavoine

Nous sommes ravis de recevoir aujourd’hui Jeanne DEMOULIN et Christine BELLAVOINE. Jeanne DEMOULIN est maîtresse de conférences à l’Université Paris Nanterre et membre du CREF et Christine BELLAVOINE est sociologue et responsable du secteur des études locales à la Mairie de Saint-Denis. 

Nous les avons invitées suite à la parution de ce bel ouvrage, intitulé Jeunes de quartier. Le pouvoir des mots, publié aux éditions C&F en 2021. Un bel ouvrage à plusieurs titres : 

-bel ouvrage parce qu’il est formellement très réussi : il s’agit d’un abécédaire à la mise en page élégante, avec de nombreuses illustrations, colligeant de nombreux textes plutôt courts, écrits dans un langage compréhensible par tous, mais sans concession quant à la nécessité de constituer des outils sérieux de compréhension de la condition banlieusarde ;

– bel ouvrage ensuite, parce qu’il est l’élément central d’un dispositif original plus vaste comprenant aussi un site Web – https://jeunesdequartier.fr – qui rassemble de nombreuses autres ressources complémentaires, notamment des capsules vidéo, des éléments méthodologiques et une diversité de texte auxquels on peut avoir accès depuis le livre par un système de QR-Code, mais aussi de manière plus directe en se rendant simplement sur le site ;

-bel ouvrage enfin, parce que son contenu est d’un grand intérêt scientifique et qu’il documente et rend compte d’une forme de production scientifique tout à fait intéressante puisque cet ouvrage est le résultat d’une recherche participative de grande ampleur qui s’est déroulée sur quatre années de 2017 à 2021.

Nos invitées vont évidemment vous expliquer précisément ce dont il retourne, mais permettez-moi simplement de poser le décors : Jeunes de quartierest le résultat d’une enquête participative conduite dans dix communes ou quartiers d’Île-de-France dont la question de départ était « Qu’est-ce qu’être jeune dans un quartier populaire ? », question à laquelle il était entendu que les réponses ne pourraient seulement se résumer à des productions scientifiques conduites par le haut sur les bases d’un empirisme extractiviste faisant des jeunes de quartier de simples informateurs. Non, l’idée de la recherche fut d’impliquer les jeunes de quartier dabs la co-construction des connaissances sur leurs espaces de vie à partir d’une collaboration, certes à l’initiative de professionnelles des sciences sociales, mais cherchant à produire des savoirs en « co-élabor’action ». L’objectif fut aussi de redonner les moyens d’une autonomie de représentation aux habitants des quartiers ou de la banlieue. Il s’est donc agi, à partir d’un objectif initial de recherche compréhensive d’encapaciter chercheurs et jeunes afin de constituer in finece qu’on pourrait peut-être qualifier un « intellectuel collectif populaire » qui tacherait d’éviter tant les travers du misérabilisme que du populisme. Cet intellectuel collectif a réussi à rassembler une vingtaine de chercheurs et d’étudiants en master et en doctorat venant de différents horizons disciplinaires, des acteurs locaux, des travailleurs sociaux et, surtout, plus d’une centaine de jeunes âgés de 15 à 34 ans.

Au bout de l’aventure, on a donc, entre autres choses cet ouvrage qui, dites-vous, « pourra être lu comme un anti-dictionnaire des idées reçues sur les jeunes des quartiers populaires, tant les analyses proposées vont parfois à l’encontre des représentations de sens commun et, dans tous les cas la complexifient ». 

Jeanne et Christine je vous cède donc la parole pour que vous nous expliquiez la manière dont vous avez construit cette complexité et évidemment, nous dire ce qu’elle révèle de cette portion de réalité sociale que l’on appelle la banlieue.

La conférence filmée sur Canal U : ici