Séminaire – Politiques du conflit et productions médiatiques dans la Turquie contemporaine / 2016
Animé par la Professeure invitée Gülüm Şener (Istanbul Arel University)
Mercredi 22 février : 9h30-11h30 / 13h-15h
Jeudi 23 février : 10h-12h / 14h-16h
Université Paris 8
Bâtiment D – Salle D143
2 rue de la Liberté, 93526 Saint-Denix Cedex
Métro ligne 13 – Saint-Denis Université
INTRODUCTION FG : Merci d’être présentes et présents à ce séminaire qui sera, comme vous le savez, animé aujourd’hui et demain par Gülüm Şener qui nous fait donc l’amitié de s’être déplacée d’Istanbul pour nous apporter quelques lumières sur le thème « Politiques du conflit et productions médiatiques dans la Turquie contemporaine ».
Pour rappel nous allons donc nous retrouver aujourd’hui dans cette salle, ce matin, jusqu’à 11h30, puis de nouveau de 13h à 15h. Demain les horaires seront plus « traditionnels » puisque le séminaire aura lieu de 10h à 12h puis de 14h à 16h, toujours dans cette même salle. Les 4 demi-journées de 2h qui structurent le séminaire donneront lieu à chaque fois à une présentation de notre invitée qui sera suivie d’une discussion avec la salle, lors de laquelle vous pourrez bine évidemment faire part de vos commentaires et poser toutes questions qui vous brûleront nécessairement les lèvres…
Avant que nous rentrions dans le vif du sujet, j’aimerais bien évidemment commencé cette première séance par remercier chaleureusement Gülüm d’avoir choisi notre université et notre laboratoire pour son séjour Erasmus et, par la même occasion, remercier également Aurélie Tavernier qui a rendu possible la chose en s’occupant promptement des aspects administratifs de cet échange.
Sans prendre trop de temps, j’aimerais tout de même vous dire deux mots de notre invitée. Après avoir effectué une partie de ses études en France, Gülüm Şener, a soutenu un doctorat à l’université de Marmara. Elle exerce actuellement comme professeure au sein du département de journalisme de la faculté de communication de l’Université Arel d’Istanbul et ses travaux portent principalement sur les représentations médiatiques des identités de genre, culturelles ou politiques, ainsi que sur les usages des médias numériques dans des contextes de mobilisation collective ; travaux qui ont donné lieu à de nombreux articles, rapports et chapitres d’ouvrage.
Permettez-moi également de dire deux mots supplémentaires s’agissant des intérêts de connaissance de Gülüm, qui rencontrent bien évidemment les nôtres et c’est là la justification de ce séminaire. Ce qui finalement se trouve au cœur de notre rencontre, c’est l’intérêt partagé que nous avons à insister sur le fait que la conflictualité sociale s’appuie sur des « armes matérielles » au nombre desquelles les technologies d’information et de communication (TIC) ont la plupart du temps joué un rôle central. Les big media écrits et audiovisuels (presse, radio et télévision), tout comme les small media nettement plus mobilisables (« ronéo », cassettes audio, vidéo, etc.) font en effet partie des technologies des mouvements sociaux. Force est de constater que l’action collective protestataire s’actualise dans des formes d’agir pour le moins variées dont certaines sont assurément en lien avec ces médiations médiatiques et technologiques qui organisent matériellement la diffusion, la mise en publicité et la discussion de productions symboliques prenant part à la conflictualité sociale.
Les politiques du conflit ont plus que jamais partie liée avec une variété de supports technologiques qui, aujourd’hui, relèvent assez largement de l’informatique connectée, laquelle informatique connectée tend à être de plus en plus portable et mobile. Assurément, les effets de convergence dus à la numérisation du signe font, aujourd’hui, jouer à Internet un rôle tout à fait central, puisque l’informatique connectée permet de rassembler plusieurs formes de production médiatique (écrits, sons, images fixes et animées), d’en faciliter la production et l’articulation (intertextualité, interdiscursivité) et de les coupler aisément à des espaces de commentaires, de débats et de sociabilité conduisant potentiellement à l’édification d’espaces publics oppositionnels. Le « réseau des réseaux » est devenu un outil essentiel pour un nombre croissant de mouvements sociaux qui en développent des usages variés, afin d’ouvrir de nouveaux modes de participation à l’action collective, d’élargir le spectre des participants aux dynamiques protestataires, ou encore de faciliter la tenue de mobilisations, parfois de grande ampleur et de haute intensité.
En d’autres termes, il existe un front médiatique des luttes sociales, qui est étroitement dépendant de variables diverses relevant des acteurs du conflit, des lignées techniques qui sont à leur disposition (état de l’innovation), de leurs capacités à constituer les artefacts médiatiques en instruments de lutte, de les utiliser efficacement au service de la cause, de la législation qui en favorise ou en contraint les principaux développements pratiques, etc. Précisément, au travers du cas de la Turquie contemporaine Gülüm va s’efforcer de nous éclairer sur ces différentes dynamiques. Rose, puisque si je ne m’abuse c’est là la traduction française de ton prénom, la parole est maintenant à toi… et pour deux jours…