Extraits de l’édifiant journal de candidature de Jean, au poste de professeur de zoziologie ouvert au sein de l’Université Nactode 3
« Ci-après, quelque éclairage quant aux raisons pour lesquelles j’ai préféré me retirer du concours lié au poste de professeur de zoziologie (réf. 666 sur Galaxie et 3535 dans le SI de l’Université Nactode 3). J’estime, en effet, que celui-ci a été entaché de trop nombreuses manœuvres et irrégularités qui l’ont transformé, au fil des semaines, en un simulacre de procédure de recrutement que je ne souhaite, en aucun cas, cautionner. […]
Dès la publication des postes sur Galaxie, je prends langue avec M. Pink, directeur adjoint du département de zoziologie. Il me renseigne quant aux attendus pédagogiques du profil. Je lui fais notamment remarquer qu’intituler un poste de professeur en lien avec la menue partie du service à assurer en Licence est un choix assez inattendu. Il me fait alors savoir, en toute décomplexion, qu’ils ont un « candidat local » dont il précise qu’il n’est autre que le conjoint de la directrice du département : M. Red, maître de conférence à l’Université Nactode 1 (ayant très récemment soutenu une HDR), lequel assure déjà une partie des cours de licence que liste le profil du poste à pourvoir. Il m’assure toutefois que Mme Red se tiendra à l’écart de la procédure. Je lui fais ensuite savoir que ma candidature passera par une procédure prioritaire liée à un rapprochement de conjoint. Comprenant de suite ce que cela implique (lui-même étant arrivé au sein de ce département via cette procédure), il me précise alors que Mme Red « ne laissera certainement pas faire »… formule contredisant donc, ad abrupto, sa déclaration quant au retrait de Mme Red de la procédure. De fait, ils ne laisseront pas faire…
Quelques jours après, une réunion du département de zoziologie a lieu, durant laquelle est évoqué le poste et « une » candidature pour rapprochement de conjoint. Mme Red indique qu’un avis sera émis par la direction sur cette candidature – c’est-à-dire M. Pink et elle-même – et qu’il n’est pas question d’une discussion collective à ce propos. Une première dans le département qui a, jusqu’alors, toujours discuté collectivement des candidatures prioritaires. Outre la décision de traiter la chose de manière non collégiale, sans prendre l’avis des membres du département (de fait, une large majorité d’entre eux se disent tout à fait contre l’idée de la présence d’un couple dans le département et d’un concours joué d’avance), on pourra s’étonner de cet autoritarisme faisant fi de l’évident lien/conflit d’intérêt qui entache d’entrée de jeu la procédure.
Je prends également contact avec Mme Green, directrice du LAB, laboratoire auquel le poste est rattaché. Elle m’indique qu’elle se réunira avec les professeurs de zoziologie du LAB pour statuer sur mon dossier. De fait, cette réunion aura lieu. Mme Green souhaitera toutefois ne pas être « trop positive » dans son avis, pour des raisons « diplomatiques » (de pression ?), ravisant ainsi son enthousiasme apparent des premiers temps… J’apprendrai plus tard que Mme Green ne voit pas nécessairement d’un bon œil de renforcer la composante zoziologie de son laboratoire interdisciplinaire et qu’elle ne s’opposerait pas à ce que ce poste puisse finalement être rattaché à une autre unité de recherche, comme celle de M. Pink, de Mme Red et du Président Tartempion, dont il est de notoriété publique qu’elle devrait être le laboratoire d’atterrissage de M. Red s’il raflait, comme prévu, le poste… Non seulement ils ont le candidat, mais aussi sa feuille de route !
Quelque temps plus tard, des avis sont effectivement émis et remis au CAC-R. Favorable pour ce qui concerne le laboratoire (trois pauvres lignes rédigées avec les pieds, sans même un mot de commentaire sur le projet de recherche transmis), négatifs, sans surprise, s’agissant de ceux du département et de l’UFR. L’avis du département a été signé par M. Pink (sans aucun doute sous la dictée de sa patronne Mme Red), maître de conférences non habilité à diriger des recherches, qui s’est donc prononcé sur un dossier qui ne dépend pas de son collège. Ledit avis est entaché d’un évident conflit d’intérêt dont l’existence sera notamment nié par le Président Tartempion qui en a pourtant été tôt prévenu par plusieurs de ses collaborateurs (le fait a même été évoqué lors du CAC-R). L’avis de M. Brown, directeur d’UFR, qui, à ma connaissance, n’a aucune compétence dans le domaine de la zoziologie est du même acabit. Divers documents établissant des bilans nationaux quant aux procédures de rapprochement de conjoint soulignent qu’il est hélas courant de délivrer des avis négatifs au motif de revenir à une procédure classique de recrutement, notamment quand ce retour aux « usages courants » est motivé par la réintroduction de candidatures « attendues », mais non prioritaires. Nous sommes précisément dans ce cas. Un document de la Direction générale des ressources humaines du MESRI cite à cet égard une dépêche d’AEF-Info pointant ce type courant de dérive (Tourbeaux J. et al., Bilan de la mise en œuvre du dispositif des mutations prioritaires des universitaires 2015-2019, rapport MESRI-DGRH, 2021).
Le X avril, le CAC-R, seule instance légale à pouvoir se prononcer sur le fond d’une procédure prioritaire a émis un avis favorable à ma candidature (9 pour, 5 abstentions, 1 contre). Il faut ici rappeler que l’examen prioritaire des dossiers, dans le cadre d’une procédure de rapprochement de conjoint n’a légalement aucune obligation de suivre les avis des composantes concernées par le poste, et ce d’autant moins quand ceux-ci masquent des liens évidents d’intérêt. L’annexe 3 de la circulaire du 14 mai 2015 relative aux dispositions statutaires communes applicables aux enseignants-chercheurs précise ainsi que le Conseil académique (en sa formation restreinte) « se prononce sur l’adéquation des candidatures prioritaires au profil du poste et s’assure qu’elles s’accordent avec les critères liés à la stratégie de l’établissement ». Aussi, comme le précise Vivien Zalewski-Sicard, auteur d’une note de référence sur la question (juriste, enseignant-chercheur à l’Université de Toulouse 1), le CAC restreint ne peut rejeter une demande de mutation que si et seulement si, selon lui, depuis sa propre expertise, le profil du candidat ne correspond pas au profil du poste matérialisé par la fiche de poste ou s’il n’y a pas d’adéquation du candidat à la stratégie de l’établissement. En l’espèce, le CAC-R a jugé que ma candidature correspondait suffisamment au profil du poste mis au concours, ce qui est censé clore la procédure de recrutement.
Pourtant, le lendemain, la décision du CAC-R n’est pas entérinée par le CA-R… instance dont Mme Red est membre (mais ne siégeant pas – la chose aurait été tout de même un peu grosse). Deux des protagonistes se sont, depuis, exprimés en privé sur l’événement. Le premier n’a rien trouvé de mieux que de justifier sa prise de position par le fait de « faire chier [sic] un président qui veut imposer un candidat SNESUP » (??? de quoi parle-t-on ? Je n’ai jamais été adhérent au SNESUP, et quand bien même…). L’intéressé avouera aussi ne rien connaître sur le fond du dossier et tenir là une position de principe contre le rapprochement de conjoint qui, faut-il le rappeler, est une mesure légale qui s’impose donc à tous. L’autre se justifiera, en off, en invoquant… des « comptes à régler » et d’avouer au surplus « ne rien avoir à foutre » de l’avis des collègues du CAC-R « à la main du SNESUP ». Dans un cas comme dans l’autre, l’aigreur, la malveillance, la bêtise et aussi, il faut bien le reconnaître, une certaine vulgarité, valent donc critères de jugement sur fond de confusionnisme syndical, de vendetta et de convoitise.
Malgré un dossier scientifique pour le moins copieux, malgré un investissement constant dans l’institution dont de nombreux éléments de mon CV font la preuve, malgré une adéquation qui, sans être parfaite avec le profil du poste, est tout de même avérée, malgré une présentation analytique détaillée qui prouve cet ajustement aux attendus dudit poste, malgré un projet de recherche tout aussi précis, malgré une inscription évidente dans les axes du LAB ainsi que dans le projet de l’établissement, malgré un avis très majoritairement positif du CAC-R… ma demande de rapprochement de conjoint est donc une première fois repoussée, puis remise au vote d’un CA restreint qui s’est tenu le X avril en catimini (la calendrier a été modifié à cet effet) et qui débouchera sur un avis négatif. 4 présents le jour J qui vont donc casser l’avis des 15 membres du CAC-R : le Président Tartempion et deux autres collègues voteront contre deux fois, riches de trois procurations. Seule une courageuse collègue votera pour. Il faut ici noter que la grille des statuts (des universités) du ministère prévoit que « Dans le cadre des délibérations d’un conseil, et en l’absence de règles de procuration prévues dans les statuts, un membre empêché ne peut pas donner procuration ». Or à l’article 10 des statuts de l’Université Nactode 3 portant sur le Conseil académique restreint il n’est rien stipulé…
Le X avril, je reçois, par mail, l’avis officiel du CA-R (invisibilisant totalement celui du CAC-R), rédigé depuis des arguments qui, si l’on en croit les récits qui nous ont été livrés depuis l’intérieur, ne sont pas ceux qui ont été évoqués lors des deux réunions de cette instance, mais ont été repris des avis partiaux des directions de département et d’UFR. Outre l’approximation de certaines conclusions (e.g. sur le volume des charges de cours) et une confusion entretenue entre l’anthropologie en tant que discipline institutionnelle et l’anthropologie entendue comme pratique des sciences sociales, on notera également une appréciation contrevenant à l’avis donné par le LAB sur mon dossier : « Seule votre expérience sur les transitions numériques, qui est un critère facultatif dans le profil du poste, pourrait être appréciée par l’unité de recherche ». Sauf que ma candidature a déjà donné lieu à un avis du LAB qui ne dit pas cela ! Cela témoigne, une fois de plus, du peu d’importance donné aux avis des collègues ayant objectivement expertisé mon dossier (CAC-R, laboratoire) et à la survalorisation des avis partiaux émis par MM. Pink et Brown. Faire ce choix est une prise de position claire qui range l’avis du CA-R du côté d’un arbitraire qui ne me semble pas très en phase avec les nécessités de la probité institutionnelle.
Professeur classe exceptionnelle avec près de quinze ans d’expérience, je ne serais donc pas en capacité d’assurer un cours de licence en anthropologie (puisqu’il s’agit tout de même de cela) ? Ces cours sont d’ailleurs confiés aujourd’hui, pour partie, à des chargés de cours (dont M. Red) qui, contrairement à moi, seraient donc qualifiés pour assurer ces enseignements. Quant au travail ethnographique, un bref coup d’œil sur mon CV atteste de mon expertise dans le domaine. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir…
Comme il est prévu dans les textes, mon dossier est donc réintroduit dans le concours, lequel aurait dû prendre fin si la décision du CA-R, certes légale mais entachée d’irrégularités argumentaires (en l’espèce, le respect du formalisme légal n’assure en rien la probité de la procédure, c’est une évidence), n’avait pas désavoué la décision, elle, bien plus informée (un jugement sur pièces), du CAC-R. De surcroît, la direction du département de zoziologie (i.e. deux personnes qui ne représentent que leurs propres intérêts – matrimoniaux pour l’une et amicaux pour l’autre) a fait savoir qu’elle trouvait inadmissible le retour de mon dossier dans le concours, jugeant que la décision du CA-R devait être impérativement suivie… témoignant ainsi de leur méconnaissance de la procédure (ou, pire, d’un mépris des règles), mais aussi de l’évidente collusion avec l’avis du CA-R qui m’a été transmis.
S’agissant du retour à la procédure « classique », on pourra par ailleurs s’interroger sur :
-La composition initiale du COS : qui en a décidé ? Selon quelles modalités ?
-La modification, en cours de route, de la composition dudit COS. Mme Blue a été remplacée par M. Brown, directeur de l’UFR dont le département de zoziologie est une composante, mais qui, d’une part, n’est pas compétent en matière de zoziologie et, d’autre part (malgré cette inaptitude), a déjà émis un avis négatif sur ma candidature dans le cadre de la procédure de rapprochement de conjoint, lequel n’avait pour fonction, que de ne pas faire obstacle à la candidature de M. Red, conjoint de Mme Red.
-Le fait que la distribution des dossiers ait été modifiée à deux reprises, à tel point que, lors de la première réunion du COS, il aura fallu une interruption de séance d’une heure et demi pour permettre à l’un de ses membres de rédiger le rapport d’un dossier (le mien !) sur lequel il n’avait pas compris qu’il lui revenait finalement de conduire une expertise.
-Le fait que Mme Red semble avoir aussi décidé, seule, de la présidence du COS en la confiant à Mme White (plutôt qu’à M. Orange initialement pressenti, eu égard au rattachement du poste au LAB dont il est membre), fonction que cette collègue devrait normalement assurer en toute impartialité, chose dont on peut douter quand, par exemple, elle s’octroie l’expertise de mon dossier et de celui de M. Red (statistiquement, 2 % de chances d’arriver à cette distribution si celle-ci avait été aléatoire), à des fins de démolition dans un cas et de panégyrique dans l’autre cas.
-Le fait qu’en copie de certains courriels internes du COS on trouve au nombre des destinataires… Mme Red… Rien de moins !
-Le fait que Mme Purple ait préféré démissionner du COS suite à une remise en cause de sa probité ; la direction du département de zoziologie lui reprochant de « trop bien connaître »… ma compagne ! Je connais également Mme Purple, à tout le moins assez pour savoir qu’elle ne cautionne surtout aucune des manigances mises en œuvre et a préféré ne pas être mêlée à ce qu’elle considère aujourd’hui comme une opération parfaitement scandaleuse. Elle a d’ailleurs informé directement le Président Tartempion de sa décision et m’en a par ailleurs fait part.
-Les prises de position outrancières et les commentaires désobligeants, publics, tenus par la direction du département de zoziologie suite à la décision du COS de m’auditionner : « je ne préparerai pas un emploi du temps pour un type qui va refuser tous les cours », « on ne va pas recruter quelqu’un qui va prendre ma place », « on demandera au CA-R de voter contre une nouvelle fois », etc.
–Last but not least, J’ai appris mon statut d’auditionné par un courriel émanant de Galaxie m’invitant à prendre connaissance des avancées du concours… Toutefois, je n’ai reçu ma convocation officielle à des fins d’audition, que le X mai 2024, 20 jours après la première réunion du COS et en conséquence d’une réclamation que j’ai adressée à l’administration de l’Université Nactode 3, sans quoi je ne pense pas qu’elle me serait parvenue !
Force est de constater que l’on se trouve, là, dans une configuration incroyablement délétère où on ne sait ce qui l’emporte du sentiment d’impunité des uns, de l’hybris des autres ou de la disposition au laisser-faire. J’ai personnellement interpelé le Président Tartempion pour lui demander quelque explication quant au fait qu’il n’intervienne pas alors qu’il est parfaitement au courant des liens/conflits d’intérêts qui, depuis le début, entachent la procédure de nombreuses irrégularités. Sans me répondre directement, il m’a fait savoir qu’il ne pouvait pas croire ce que j’avançais. Les faits n’auraient donc guère d’importance. Il est pourtant de ses prérogatives d’assurer la probité des procédures et l’intégrité des agissements de ses personnels, par-delà les affinités électives qui pourraient le lier à eux (co-auteurs de documents, membres d’un même laboratoire, amitiés, etc.). Mais Force est pourtant de constater que les manœuvres déloyales d’une poignée de collègues impénitents, ont jusqu’alors assez honteusement eu raison du sens du collectif et de la justice. Il faut comprendre que celui-ci peut être avantageusement remplacé par un jeu d’intérêts croisés portés par des familialismes dont les règles à géométrie variable ne sont indexées ni à la probité intellectuelle, ni à la compétence scientifique, ni à l’engagement pédagogique, ni même au courage institutionnel. Les logiques qui ont prévalu relèvent d’un brouet hasardeux associant népotisme, petits intérêts personnels, règlements de compte, diplomatie de couloir et confusionnisme syndical, entre autres choses. La qualité des candidatures, le respect des cadres légaux (et moraux !) et des décisions des instances scientifiquement compétentes, ainsi que la prise en compte des intérêts de l’institution semblent relégués au rang de moraline pour imbéciles.
L’avocat que j’ai rapidement consulté (associé d’un cabinet spécialisé en ce domaine) m’invite à former, sans tarder, un recours contentieux auprès du Conseil d’État, « imperdable » selon ses termes. L’appétence pour les scandales et les affaires n’est cependant pas mienne et je n’en ai, à dire vrai, nulle envie. Toutefois, je reste peu versé dans les « plaisirs » de l’humiliation et il n’est pas question que justice ne soit pas rendue, non pas à ma personne – contrairement à d’autres, je suis vacciné depuis des lustres contre les affections du narcissisme –, mais à l’éthique bafouée du service public. J’ai très naïvement – il faut en convenir – cru participer à une procédure sérieuse de recrutement là où les faits montrent qu’il ne s’agissait, jusqu’à votre intervention qui lui a redonné quelque dignité, que d’une indécente mascarade déshonorant l’Université.
À ce niveau de grenouillage, je n’ai plus aucune envie de poursuivre une démarche d’intégration à un département dont la direction et quelques-uns de ses affidés me réserveraient à l’évidence un accueil déplorable. Je n’ai pas non plus envie de devenir membre d’un établissement dont la direction a fait le choix de ne pas relever les manigances éhontées de quelques-uns et dont les agissements font douter qu’elle entérinerait une décision souveraine d’un COS qui me serait éventuellement de nouveau favorable. La direction du département de zoziologie – permettez-moi de le redire – fait en effet savoir, à qui veut l’entendre, qu’une décision qui me conduirait à être auditionné serait illégitime et qu’ils feraient en sorte que le CA-R se prononce de nouveau contre un classement qui me placerait en première position. On passerait donc par-dessus l’avis du COS, comme on est passé par-dessus celui du CAC-R… en toute impunité. Outre le fait que ma candidature fasse à l’évidence de l’ombre à celle de M. Red, d’aucuns estiment aussi que mon éventuelle intégration au sein du département de zoziologie ne serait pas sans conduire à une réévaluation des positions qu’ils y occupent. Ce n’est pas faux, il faut en convenir, et ils ne goûtent guère à l’éventualité d’avoir à démissionner ou à faire face à une saisine de la section disciplinaire.
Une institution qui perd de vue ses propres intérêts et foule aux pieds ses propres règles et décisions est une institution déliquescente ; en l’espèce, victime d’une maladie auto-immune qui finira par faire rendre gorge aux bonnes volontés et aux personnels les plus compétents, c’est une évidence. D’ailleurs, la présente séquence a conduit à la démission de deux membres de l’équipe présidentielle et non des moindres. S’il serait exagéré d’affirmer que le traitement partial de ma candidature est LA raison de ces démissions – ce n’est évidemment pas le cas –, il n’est, en revanche, pas déraisonnable de penser qu’il fait partie des motifs justifiant ces départs. Sans le courage nécessaire pour recouvrer une moralité minimale et imposer le respect de procédures qui ne soient pas juste un formalisme servant à légitimer des intérêts particuliers, ceux qui ont la prétention d’assurer la bonne marche de l’Université Nactode 3 finiront par habiter les ruines d’un établissement rongé par la déraison, la concurrence généralisée, les intérêts et les vendettas personnels et par cette pathologie qui consiste à vouloir tirer parti des circonstances en se foutant pas mal de l’éthique professionnelle, ou à faire barrage à celles ou ceux dont on envie rageusement l’excellence et/ou la place.
Il y a peu, j’écrivais au Président Tartempion qu’il lui revenait tout de même de prendre l’exacte mesure des conséquences personnelles et institutionnelles qu’a eu cette série de brigandages sur ma personne, sur ma compagne (mise en cause et dénigrée à plusieurs reprises, elle n’a eu d’autre choix que de se faire délivrer un arrêt de travail pour recouvrer un tant soit peu de sérénité) et sur son institution. Il en va en effet de sa crédibilité envers la communauté universitaire, ses partenaires et ses tutelles que de montrer qu’au sein de l’Université Nactode 3, ce type de manœuvres n’est pas permis. Mais Tartempion s’en balance !
Épilogue 1 : Le monde universitaire est « un tout petit monde » selon la formule de David Lodge. Il y a peu, j’échange avec un collègue sociologue à propos d’un manuscrit que je m’apprête à publier et dont il me dit le plus grand bien. Dans le cours de la conversation, il me fait part de la chose suivante : son « ami » (dont je comprends qu’il s’agit de M. Red) postule cette année à l’Université Nactode 3, mais, précise-t-il « ça ne se passe pas bien ». On essaierait de mettre en travers de sa route – je cite le verbatim rapporté tel que ce collègue m’en rend compte –, « un type incompétent qui n’a jamais fait de terrain de sa vie ». Ledit collègue fut un rien médusé quand je lui ai fait savoir que le type en question n’était autre, selon toute vraisemblance, que son interlocuteur ; celui-là même dont il venait d’encenser le travail… Si l’on voulait paraphraser Molière, on pourrait avancer qu’il y a des extravagants, pleins d’audace et surtout pleins d’eux-mêmes – dont M. Red est l’un des parangons –, qui se mettent tôt en tête (à peine habilité) de vouloir faire « l’homme de condition », de réclamer quelque privilège et de s’en ouvrir le plus naturellement du monde à qui semble prêt à accueillir leur fantasmagorie arrogante pour précieuses ridicules. Non contents de manœuvrer institutionnellement, sans vergogne (en étant assuré de quelque appui, on ressent vite un sentiment d’impunité), ils estiment, de surcroît, pouvoir allégrement calomnier ceux dont ils pensent qu’ils font barrage à leur autoproclamée magnificence.
Épilogue 2 : La veille des auditions auxquelles je ne me suis donc pas rendu, M. White, garant d’HDR de M. Red et membre du département de zoziologie va contacter personnellement tous les membres du COS pour leur indiquer que Mme Rose, l’une des trois candidates auditionnées, membre du LAB et du département de zoziologie – nouvel obstacle déclaré en mon absence – « aura un poste l’an prochain et qu’il n’est pas utile de la promouvoir cette année ». Ils ne reculent donc devant aucune ingérence. Outre un évident toupet, le geste révèle également qu’ils planifient leurs truanderies sur plusieurs années. Quelques semaines plus tard, l’Université Nactode 3 annonçait un gel des postes pour l’année universitaire à venir.
Épilogue 3 : Ignorante de ma défection, la présidente du COS annoncera aux membres dudit COS mon passage à un horaire fantaisiste… Ne jamais reculer devant le plaisir d’un dernier croc-en-jambe.
Épilogue 4 : Jugée hors-profil (??) , Mme Rose sera classée 3ème ; on accordera au fat M. Red la 2ème place. À la première place sera classé un candidat, membre du LAB, qui n’était pas attendu. Le soldat Red n’aura donc pas été sauvé. »